On parle d’ « Intimes Galaxies » (le coin Presse)
« L’intime Interview » (par Miss Kay)
e titre de votre album, « Intimes galaxies », en résume très bien le contenu, la cohabitation de chansons très personnelles et de textes plus universels. Mais je trouve que c’est aussi un titre qui vous ressemble.
Diz : un musicien du disque m’a fait remarquer que c’était une formulation assez anglaise (je n’y avais pas du tout pensé). En tout cas, c’est sorti comme ça…vers la fin du processus créatif, et ce titre est resté là comme une évidence.
Après (merci pour le compliment), je pense que ça ne s’applique pas qu’à moi. Chacun a dans sa tête un univers tout entier.
Il ressort de l’écoute des titres un profond amour des gens, de la vie, de l’acte d’écrire, ainsi que le plaisir que cet amour procure. C’est un album très sensuel, au sens premier du terme.
Ah ! (encore des fleurs), tant mieux si ça transparaît !
C’est peut-être dû à l’instrumentation. Je savais que je voulais une formule « guitares/contrebasse/voix » plus d’autres éléments qui gravitent autour. Ça fait plus de dix ans que sur disque comme sur scène je défends l’acoustique, le grain. Les quelques samples qui trainent dans le disque sont des dauphins, des vagues et des voix d’humains…tout est vrai et non synthétique…je suis assez sensible à l’humanité, à la chaleur de la vie, quoi !
Et puis le choix des invitées aussi peut-être…la touche féminine sur plusieurs titres est sans nul doute la touche sensuelle !
Par rapport à mon côté philanthrope, je modèrerais vos propos : il y a trois-quatre personnes qui en prennent un peu pour leur grade aussi
Le titre « Histoire de thé » est un peu à part dans l’album, entre des chansons intimes et d’autres « sociétales », pouvez-vous nous en expliquer la genèse ?
Très volontiers. Il faut repartir au moment où sort « The Marshall Mathers LP » (le disque de M. Mathers, le vrai nom d’Eminem).
Comme d’habitude, j’écoute tout d’une traite, très attentif…mais là à la fin du disque j’ai du réécouter « Stan » 5 fois d’affilée.
Le concept est terrible, la montée en intensité de la voix est fabuleuse, archi-théâtrale…et il fait ça avec la plus grande décontraction en 5 couplets de 16 ou 20 mesures (ce qui fait à peu près deux feuillets A4 remplis), c’est énorme !
Mais outre l’effet du texte sur le moment, il y a toujours eu quelque chose qui m’a travaillé, qui m’a suivi, j’ai donc décidé d’y revenir (et d’en finir!).
Dans le morceau original, le petit frère de Stan s’appelle « Matthew » (le prénom qu’il y a marqué sur mon passeport). Du coup j’ai juste saisi la perche et imaginé Matthew aujourd’hui, fan de rap, la vingtaine, qui déboite l’ex-idole de son frère.
Je continue le délire de Mr Mathers vingt ans après (et protège toi Marshall parce que j’arrive vénèr !!!). C’est un clash hip-hop -en mode subtil-, et pour ceux que ça intéresse, les paroles sont dans le livret
Enfin, note à l’attention des plus joueurs : l’actuel président U.S, le compositeur de la chanson originale, ainsi que le sosie de Tom Yorke se cachent aussi dans ce morceau.
Ne craignez-vous pas que les auditeurs n’ayant pas connaissance de la chanson et du clip d’Eminem passent à côté d’une grande partie de la saveur de ce titre ? Pourquoi ne pas avoir glissé une petite explication dans le livret ?
Parce qu’il n’y avait pas assez de place dans le livret !
D’une manière plus large, ça ne me dérange pas que certaines personnes passent à côté de mes textes (on passe tous à côté de plein de choses), par contre s’il y a des petites surprises qui sautent gentiment aux oreilles des auditeurs après une dixième écoute, là je me dis que j’ai fait mon boulot !
Pour en revenir au rap, courant artistique dont vous êtes issu, vous semblez avoir pris vos distances avec ce qu’il est devenu, votre façon de slamer a évolué…Même si vous portez en vous cet héritage, ne vous sentez-vous pas actuellement plus proche des Sting, Brassens, Renaud et confrères, tant musicalement qu’au niveau de l’écriture ?
Mmmh…
Pour les 3 artistes dont vous parlez, j’ai un peu grandi avec !
Brassens avait l’âge de mes grands-parents. Mon grand-père m’a raconté deux trois anecdotes bien Sétoises , comme le jour où il a vu passé une DS noire, Brassens à l’arrière…et vu sur son passage deux gendarmes le saluer longuement -tout sourire- comme on dit bonjour à une idole. Plutôt marrant, non ?… sachant comment Brassens parlait des flics dans ses chansons. Ça en dit long aussi sur le statut qu’il avait dans sa ville, -et qu’il a toujours…presque quarante ans après sa mort-. Je me souviens très bien du jour où il est parti : les larmes des adultes, ça m’avait marqué.
Outre ces souvenirs, j’ai un grand respect pour toute son œuvre et son sérieux (si, si !), sa discipline : tous les matins au clavier pour ses chansons avec un enregistreur, et l’après-midi…il faisait sa vie !
Renaud c’est la génération d’après, ça correspond aux années collège pour moi, donc oui je l’avais dans mon Walkman :-), et comme lui a dit le grand Georges (sur un plateau télé, désolé si je déforme un peu)…“elles sont plutôt bien tournées vos chansons”.
Après j’ai pris ma grosse claque-rap au début des années 90, je n’ai quasiment plus écouté que ça pendant dix ans. Mais ça m’a progressivement ouvert (notamment en chinant des vieux vinyles) à un gros pan de la black-music (soul/funk/jazz). Le rap « golden age » c’est très souvent des emprunts à des musiques des seventies, il y a des trésors monumentaux qui, sans le rap, auraient pu être oubliés. La musique rap c’est plein d’hommages, de ponts, de révérences…c’est assez ludique et enfantin ! Je crois que c’est pour ça, entre autres, que j’aime tant.
Quant à Sting, j’ai beaucoup aimé la période Police, mais c’est le sample de « Shape of my heart » qu’on retrouve sur le morceau de Nas « The Message » qui m’a fait renouer avec lui (comme quoi tout se rejoint). Et oui, j’avoue, il y a un petit clin d’œil à ce même morceau sur une des tracks de mon disque.
Pour revenir à votre remarque, je suis la somme (musicale) de tout ce que j’ai traversé. Ça peut sembler décalé un gars qui tchatche avec sa guitare folk mais ça résume vraiment d’où je viens, qui je suis et ce que je veux défendre.
Je suis un enfant bi-culturel né au milieu des seventies, fan de rap et de chanson, avec un brin de conscience politique et (je pense) un bon sens du groove.
Concernant l’écriture elle-même, comment procédez-vous ? Le texte vient-il avant la mélodie ? Est-ce aléatoire ? Vous astreignez-vous à des moments d’écriture/de composition ?
C’est très souvent la musique qui vient en premier, j’ai souvent besoin d’un pré-texte.
Et pas besoin de tout un cérémonial…je suis assis sur mon canapé, je grattouille, et quand une partie me paraît intéressante, j’enregistre.
Pour les textes je me mets un peu plus la pression, je me réserve des moments, et soit ça met du temps -mais j’ai appris à laisser venir-…soit ça sort d’un coup et je laisse sortir tout ça avec joie.
Vous évoquiez la touche féminine de l’album, pouvez-vous nous parler des chanteuses mais également des musiciens qui vous ont accompagné sur ce projet ?
Oulàlà, la liste est longue !
So-June est sur plusieurs titres. On s’est rencontré sur le projet Aeon Experiment, ça fait un petit moment qu’on travaille ensemble. Elle est d’origine Flamande, chante avec un anglais parfais, et a ce timbre « soul » unique. Je suis fan !
Le morceau qui conclut l’album a été écrit en duo avec Fleur. C’est une chanteuse dont j’aime vraiment l’univers. Ça fait longtemps que je la suis, mais on se voit rarement. On a fait un bon ping-pong par mails, elle est venue le dernier jour de studio et voilà…dans la boîte !
Aurélien Bellanca (Aeon aussi !) joue de la batterie. 15 ans qu’on travaille ensemble (alors que c’est un jeune trentenaire :-). J’aime sa frappe, et son son.
Pierre-François Maurin assure toutes les parties contrebasse. Il a composé et joué sur deux titres d’ « Aux anges ». Lui c’est le grooveur et le mister jazz par excellence.
Toujours stable, pertinent et à l’écoute : Assuranstourix, un bonheur.
Corentin Berthonneau joue de la guitare folk. Le petit nouveau dans l’équipe. Lui c’est le feu, les idées, les couleurs musicales et la fougue (et ça se voit dans ses cheveux !) -la fougue, pas les couleurs
Il y a aussi Rémi Charmasson (qu’on ne présente plus), qui joue sur un morceau en Ré et un morceau en Mi sur le disque (parce que « oui » faire des blagues entre musiciens, ça va jusque là !).
Je suis à chaque fois estomaqué par sa vitesse d’adaptation en terme de son. Il écoute, tritouille deux boutons sur ses pédaliers, et pfffiou…il t’emmène en voyage !
Guillaume Saurel (violoncelle) est présent sur trois morceaux : ce que j’apprécie chez lui c’est sa capacité à jongler entre lyrisme (il a étudié le classique) et bruitisme. C’est un super improvisateur qui joue notamment en direct pour des ciné-concerts !
Louis-Noël Bobey (harmonica) est aussi encore là. Que dire à part que c’est un ami, un complice, qu’il a l’oreille absolue, et qu’il me prête d’obscurs vinyles de rap d’occasion ?
Gaelle Claudin joue du Cor d’harmonie. On a joué ensemble plusieurs fois lors de mes concerts avec l’Orchestre Avignon Provence…mais on ne s’était jamais parlé. Heureusement qu’Avignon est petit et que les ami(e)s de nos amis sont nos amis.
Maxence Camelin joue de la flûte et des saxophones. Lui était présent sur « Si ça s’trouve » (EP en 2007), on a fait pas mal de dates ensemble…et puis plus rien pendant 10 ans. ça me fait vraiment plaisir que ce soit lui qui ait joué tout ce qu’il joue sur le disque. Il est toujours plein d’idées, notamment les bonnes, celles qui restent.
Il y a aussi une chorale de collégiens dirigée par Sophie Miqueu. Ils étaient tous impressionnés de venir au studio. On a répété sur le parking et malgré le fait qu’ils aient un peu manqué d’oxygène en cabine, je crois que ça s’est bien passé ! Je leur passe un grand Merci !
Enfin, Nicolas Baillard a enregistré tout ce monde.
J’ai ramené toutes les pistes chez moi, fait des prises supplémentaires à la maison, coupé plein de matière, en ai ajouté d’autre.
On a mixé ça ensemble, il a masterisé ça tout seul, et voilà…vous pouvez écouter !
(propos recueillis par Miss Kay, sept. 2018)
Photos (sauf pochette) : Thomas Bohl
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« Plonger dans l’âme de Dizzylez » (28/06/2018)
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« Article de la Provence du 09/07/18 » (par Fabien Bonnieux)